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Édition du mercredi 18 décembre 2024
Economie

En 2025, l'Insee s'attend à un « coup de frein » sur les dépenses publiques  

Sans budget ni gouvernement constitué, la France se dirige vers une année 2025 délicate sur le front de l'économie, estime l'institut qui redoute une croissance « morose » et une remontée du chômage. Du côté des collectivités, leurs dépenses pourraient « se normaliser » après avoir connu une forte hausse.

Par A.W.

Paysage « maussade »  et début d’année 2025 « morose »  pour l’économie française. C’est ce que prévoit l’Insee dans sa dernière note de conjoncture parue hier, dans laquelle elle estime que l’activité est « suspendue à un regain de confiance ».

Des perspectives peu réjouissantes alors même que le pays n’a toujours pas de gouvernement ni de budget pour l’an prochain et qu’il connait un dérapage important de sa situation financière.

Sans compter que « l’effet des Jeux Olympiques et Paralympiques »  qui a porté le moral et la croissance du pays durant l’été est désormais bien loin. Une situation qui ne diffère guère de celle du continent européen dans son ensemble puisque « la reprise qui s’esquissait depuis le début de l’année 2024 s’essouffle déjà et la convalescence se prolonge », constatent les auteurs de la note.

« Normalisation »  des dépenses des collectivités

Place maintenant à la « morosité »  donc. Une morosité économique portée et accentuée, depuis la dissolution, par la « situation politique et ses conséquences budgétaires ». Si quelques rares secteurs tirent leur épingle du jeu - tels que l’aéronautique, l’électronique, la réparation ainsi que l’hôtellerie et la restauration – , le paysage économique du pays reste « maussade », en particulier dans l’industrie et le bâtiment.

Et si la croissance a « bien résisté »  en 2024 (+ 1,1 %), celle-ci n’a été possible que grâce à « la forte expansion [des] dépenses publiques »  et à « une contribution record du commerce extérieur ». Car, dans le même temps, l’investissement s’est largement replié sur l’ensemble de l’année.

Rien de plus exaltant n’est, pour l’heure, prévu pour l’année 2025 puisque l’Insee estime que l’investissement devrait rester « bridé par l’incertitude »  et que la croissance ne progresserait que « faiblement »  de 0,5 % à la fin du premier semestre. En cause, « les deux moteurs de 2024 s’éteindraient : le commerce extérieur se normaliserait, tandis que la reconduction à l’identique du budget de l’année précédente se traduirait par un coup de frein sur les dépenses publiques », explique l’institut dont les projections restent soumises aux « aléas »  de l’évolution politique du pays, et aux futurs choix budgétaires pour 2025 du prochain gouvernement.

Une chose semble sûre, « après plusieurs trimestres de progression soutenue (entre + 0,5 % et + 0,7 % par trimestre), la consommation des administrations publiques ralentirait franchement (+ 0,2 % fin 2024 puis + 0,1 % chacun des deux premiers trimestres 2025) ». Selon les auteurs de la note, « côté État, la reconduction du budget de l’an passé se traduirait par un net coup de frein et les dépenses des collectivités locales se normaliseraient après une forte hausse en 2024 ».

On peut s’attendre, toutefois, à quelques bonnes nouvelles pour les Français avec notamment un nouveau tassement de l’inflation (à +1 % dès juin prochain) et un recul des prix de l’électricité « en février », si aucune nouvelle mesure n’est prise.

Lente remontée du chômage

Tout l’inverse de ce qui attend le marché de l’emploi. On le sait déjà, le secteur privé devrait commencer à « détruire des postes salariés », « en particulier d’apprentis », d’ici mi-2025, alors que le secteur public va, pour sa part, être « freiné ». 

Au total, « l’économie française créerait 40 000 emplois en trois trimestres, essentiellement non-salariés », selon les auteurs de la note, qui estiment que « ce rythme serait insuffisant pour absorber la hausse de la population active […] et le taux de chômage poursuivrait sa lente remontée pour atteindre 7,6 % mi-2025 ».

Des données confirmées par la série de plans de suppressions d'emploi massives annoncés ces dernières semaines, notamment chez Michelin et Auchan qui ont décidé de mettre un terme à plus de 3 600 emplois. 

Plus globalement, ce sont de nombreux sites industriels qui sont menacés à court ou moyen terme avec la fermeture de plus de 182 sites industriels qui ont déjà été annoncés dans l’année qui s’est écoulée, selon un décompte réalisé par la CGT. La filière automobile est ainsi particulièrement menacée tout comme le secteur du bâtiment, l’effondrement des constructions neuves (- 20 % au moins en 2024) faisant craindre à la Fédération française du bâtiment (FFB) la potentielle perte de 150 000 emplois en 2025.

Dans ce contexte politico-économique « peu porteur », les trois organisations patronales et quatre des cinq syndicats représentatifs ont appelé, hier, dans un rare communiqué commun adressé aux « élus et responsables politiques », à « retrouver au plus vite le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité », pour éviter « une crise économique aux conséquences sociales dramatiques ».

Du côté des collectivités, les arbitrages du prochain budget pourraient également peser lourdement, notamment en termes d’emploi, alors que celles-ci réalisent à elles seules 70 % de l’investissement public du pays. Pour rappel, le projet de budget pour 2025 concocté par le gouvernement de Michel Barnier - et suspendu depuis la censure - prévoyait une perte de ressources estimée à environ 10 milliards d’euros pour les collectivités. Des coupes claires qui pourraient, là aussi, menacer la commande publique et le nombre de chantiers lancés puisque le nouveau Premier ministre, François Bayrou, aura la possibilité de reprendre ce budget là où les débats s’étaient arrêtés… ou bien repartir d’un tout nouveau projet.

Consulter la note.
 

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